mercredi 2 juin 2010

Il faut trouver « le bon dosage » dans la régulation, selon le PDG d’AXA

A moins d'un mois du sommet du G-20, le président-directeur général du groupe AXA, Henri de Castries, a estimé que la recherche de "boucs émissaires" "ne permet pas de trouver des solutions".

A l’heure où beaucoup dépeignent un "paysage assez noir avec un euroscepticisme de bon ton", Henri de Castries préfère voir "le verre à moitié plein". Lors d'une rencontre avec les journaliste de la presse économique, mardi 1er juin, il a rappelé à ce propos les inquiétudes exprimées "il y a 12 à 15 mois". A l'époque, "les Cassandre nous auraient dit qu’il n’y aurait pas de croissance" alors que "la machine économique a bien redémarré".

Il identifie a posteriori deux étapes dans la crise et le manque de confiance des marchés : la première de 2007 à 2009, avec des marchés inquiétés par l'achat d’actifs de mauvaise qualité, la seconde aujourd’hui avec une inquiétude à l’égard des Etats, dont la dette a flambé.

Une réglementation préexistait à ces étapes rappelle Henri de Castries, alors que la question des régulations financières se pose avant les sommets du G-8 et du G-20 qui ont lieu fin juin. La conjonction de déséquilibres micro-économiques et macro-économiques ne doit en effet pas conduire à "empiler" de la réglementation, de même que "chercher des boucs émissaires ne permet pas de trouver des solutions" a-t-il déclaré.

Le PDG d'Axa recommande plutôt de prendre en compte la spécificité de chaque acteur financier avant de réglementer dès lors que chacun a sa propre vision du risque et une gestion d'horizon différente. Prenant l’image d’un écosystème, il insiste sur le fait que l’environnement financier ne pourrait d'ailleurs rester stable avec une seule espèce. Les règles qui modifient l’horizon de gestion sont sources de dérèglements, d’où le danger de leur uniformisation. Elles doivent respecter "les business models et les acteurs auxquelles elles s’appliquent", insiste Henri de Castries.

Parmi ces acteurs, le patron d'Axa est naturellement intéressé par la réglementation touchant le secteur de l'assurance, dont il loue le rôle d'"amortisseur naturel". Il accepte la voie de la directive cadre Solvabilité II, adoptée en mai 2009 et qui rencontre une opposition importante, mais souligne l’importance d’en affiner le dosage, à l’image d’un médicament.

S’appuyant sur le rapport publié en mars par l'Association de Genève, composée des quatre-vingt plus grands acteurs du secteur de l'assurance, Henri de Castries insiste sur le fait que le secteur ne comporte pas de risque systémique mais constitue "au contraire un élément de stabilité des marchés". Une raison supplémentaire de réglementer avec une attention particulière ces acteurs financiers qui ne sont "pas des spéculateurs mais des investisseurs à long terme".

En définitive, le PDG du géant français de l'assurance se refuse de "donner des airs de fin du monde" au contexte actuel, attitude qui ne lui "semble pas une bonne pédagogie".

http://www.euractiv.fr/article/2010/06/02/il-faut-trouver-bon-dosage-dans-regulation-selon-pdg-axa_68401

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