mardi 9 février 2010

Les places américaines résistent mieux que les européennes

La semaine qui vient de s'achever a été particulièrement chahutée sur toutes les Bourses en raison des risques de rechute de l'activité économique, sur fond de crise fiscale grave et prolongée de plusieurs Etats.

La séance de vendredi a accentué le différentiel de performance entre les places du Vieux Continent, qui ont franchement corrigé, et les américaines, qui, dans un sursaut de dernière heure, se sont tirées d'affaire de justesse. L'indice FTSEurofirst 300 des valeurs les plus capitalisées du Vieux Continent a plongé de 2,1 %, à son plus bas depuis début novembre 2009. L'addition depuis le pic sur quinze mois du 11 janvier ressort à 9,5 %. Quant aux trois indices américains les plus suivis, le Dow Jones, le S&P 500 et le composite du Nasdaq, ils n'ont respectivement corrigé dans la semaine que de 0,6 %, 0,7 % et 0,3 %, contre une correction de 3,9 % pour le FTSEurofirst 300. La dégringolade s'est faite sur des volumes de négociations sensiblement supérieurs à la moyenne récente. Les segments de la cote les plus affectés ont été ceux des valeurs financières et des titres les plus cycliques. Ces derniers ont pâti d'une nouvelle destruction nette des emplois non agricoles aux Etats-Unis en janvier. Cela « tend à montrer que la reprise tarde à porter ses fruits sur l'emploi », résume Crédit Agricole. Outre-Atlantique, la conjoncture est tiraillée entre « un cycle très favorable et d'importantes contraintes structurelles », ajoute la Banque verte. Côté secteur financier, vendredi, l'ensemble de ses composantes a plongé, tirant les indices vers le bas. « Les investisseurs font un raisonnement simple : si le marché n'achète plus la dette souveraine, qui achètera le papier des banques ? », explique un analyste. Les banques ont en effet besoin, plus que d'autres secteurs de l'économie, de se refinancer quotidiennement sur les marchés et dans des volumes très importants. Par ailleurs, l'exposition des grandes banques, françaises notamment, en Europe du Sud ou de l'Est, où la dette de certains Etats est de qualité moindre, soulevait des questions vendredi.

Progrès des fondamentaux


Les inquiétudes sur la dette souveraine devraient aussi soulever un autre sujet pour le secteur bancaire : les futures règles de solvabilité actuellement débattues dans le cadre de Bâle III, pour application en 2012, vont en effet contraindre les banques à acheter de la dette souveraine. L'idée sous-jacente est de permettre à ces dernières de disposer d'actifs liquides en dernier ressort si elles devaient être dans l'impossibilité de se refinancer sur le marché interbancaire, comme après la faillite de Lehman à l'automne 2008. « Cela devrait parallèlement assurer de la liquidité aux dettes d'Etat », tempère un analyste. Mais si la liquidité de la dette souveraine n'était à son tour plus assurée, comment imaginer que les banques se refinanceraient ? Les assureurs, plus directement exposés aux variations des dettes souveraines, ont aussi accusé de fortes baisses vendredi. Selon la Fédération française des sociétés d'assurances (FFSA), le secteur de l'assurance est en effet investi à hauteur de 34 % en obligations d'Etat de l'OCDE. Un niveau que les futures normes Solvabilité II devraient encore accroître puisqu'elles pénalisent lourdement la détention d'actions.



Ainsi, une donne macroéconomique empreinte de fragilité et le poids sur la croissance potentielle de l'envolée de la dette souveraine ont fait passer au second plan la bonne qualité du dernier cru de résultats trimestriels. Selon Thomson Reuters, parmi les 314 compagnies (sur 500) composant l'indice élargi de Wall Street qui ont déjà publié leurs comptes au quatrième trimestre, 74 % ont dévoilé des chiffres meilleurs qu'attendu par le consensus des analystes. Les compartiments de la cote américaine qui ont le plus agréablement surpris sont ceux des technologies de l'information et des biens de consommation durable. Ce sont ces deux groupes de titres qui, vendredi, ont sorti Wall Street de la zone rouge. Quant aux perspectives des actions, Goldman Sachs estime que « les chiffres macroéconomiques restent un facteur de soutien des cours » et souligne que « les profits se redressent mieux qu'escompté ». De ce point de vue, le durcissement de la politique monétaire dans certains pays émergents, dont la Chine, et les inquiétudes soulevées par la dette de la Grèce ont « masqué le progrès des fondamentaux ». Pour la banque d'affaires, la consolidation qui a débuté en septembre 2009 est comparable à celle intervenue entre mars et août 2004. Phase qui avait précédé une longue période de croissance.


http://www.lesechos.fr/info/marches/020353588902-les-places-americaines-resistent-mieux-que-les-europeennes.htm

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