mardi 23 mars 2010

« Nous entrons dans un cycle de hausse généralisée des tarifs en assurance-dommages »

CLAUDE TENDIL PDG DE GENERALI FRANCE


[ 23/03/10 ]


Les années 2009 et 2010 ont débuté par une tempête. Combien vous coûtera Xynthia ?

Nous avons reçu pour l'instant 10.000 déclarations de sinistres. Il devrait y en avoir autour de 20.000 in fine, pour une facture d'environ 60 millions d'euros. La grande différence avec d'autres inondations, c'est qu'il s'agit d'eau salée. L'eau de mer va laisser derrière elle des maisons irrécupérables et le coût sera probablement deux à trois fois plus important que pour une inondation classique.

Quelles conséquences allez-vous tirer de la récurrence de ces catastrophes climatiques ?

Il faut faire payer la réalité du risque. Si vous regardez une carte de France, il y a visiblement une diagonale qui est souvent traversée par de forts vents. Il faut en tenir compte. De même, les gens qui s'installent en zone inondable doivent avoir conscience qu'ils s'exposent à un risque et que ce risque a un coût. Les tarifs d'assurance automobile ont déjà un « zonage » très fin. Dans l'immédiat, un assureur responsable doit prendre des mesures de redressement technique. Nous avons relevé nos tarifs en janvier, nous le referons en avril et sans doute cet été. La période de baisse des prix en IARD est finie. La sinistralité en assurance automobile est repartie à la hausse l'été dernier, on note aussi une recrudescence des vols et des sinistres graves et on peut imaginer que la fraude ne baisse pas en période de crise économique. Les nécessités sont donc là, alors que les marchés financiers ne permettent plus de compenser ces déséquilibres techniques. Nous entrons dans un cycle de hausse généralisée des tarifs en assurance-dommages.

Croyez-vous encore au potentiel de cette activité ?

Si vous savez le pratiquer, c'est un métier qui doit dégager des résultats. Année après année, nous gagnons des parts de marché, même si c'est moins spectaculaire qu'en assurance-vie. Nous souhaitons donc continuer à nous développer sur cette branche. C'est un marché cyclique et très concurrentiel. C'est aussi un marché très sain parce que les assureurs peuvent réagir très vite. C'est enfin le coeur de métier des réseaux traditionnels de distribution. L'avenir des agents généraux est sur le « middle market », les entreprises et les professionnels. Mais cela ne veut pas dire que nous lâcherons du lest sur l'assurance des particuliers.

Avez-vous modifié votre allocation d'actifs dans cette période de crise ?

La sortie de crise va bien finir par arriver et il n'est pas exclu qu'elle passe par une phase d'inflation. Quelles sont les classes d'actifs qui protègent le mieux contre l'inflation ? L'immobilier et les actions, où nous sommes plus investis que nos concurrents. Generali France a 1,3 milliard d'euros de plus-values latentes immobilières, qu'il ne réalise pas parce que le marché est gelé. En 2009, nous avons vendu pour 2,6 milliards d'euros d'actions et en avons racheté pour 2 milliards. Nous avons abaissé le point mort de notre portefeuille actions à 3.900 points et nous sommes aujourd'hui en situation de plus-values latentes.

L'approche de Solvabilité II ne pousse pourtant pas à investir en actions.

Avant de changer notre politique d'allocation d'actifs, attendons de voir ce que sera Solvabilité II au final. Tout n'est pas encore fixé. Rien ne sert de se précipiter. Le paradoxe de Solvabilité II, c'est qu'il incite les assureurs à acheter des obligations d'Etat, qui servent à financer la dette publique, en les dissuadant d'aller sur les marchés actions, dont l'économie aurait pourtant le plus grand besoin.

En juillet, l'Autorité de contrôle des assurances et des mutuelles (Acam) a épinglé trois assureurs sur les taux garantis en assurance-vie. Bercy veut davantage encadrer ces pratiques. Y êtes-vous favorable ?

C'est une bonne réforme. Pour jouer à un jeu, il faut en connaître les règles. L'Acam a pris une bonne décision. Tous les assureurs offraient des taux promotionnels, nous comme les autres. Chez Generali France, ils ne représentaient l'an dernier que 3 % de la participation bénéficiaire totale versée aux assurés.

AXA et Aviva souhaitent que l'assurance-dépendance soit rendue obligatoire à l'occasion de la construction de la cinquième branche. Quelle est votre position ?

Les pouvoirs publics doivent d'abord clarifier leur position, nous nous adapterons ensuite. Une chose me paraît sûre, cela passera par l'articulation d'un système public-privé. La solidarité nationale doit évidemment jouer - ce qui suppose d'avoir le courage de lever l'impôt plutôt que d'augmenter les cotisations sociales -, mais les assureurs ont aussi leur rôle à tenir. Nous n'attendons pas la réforme pour travailler dessus. C'est un marché sur lequel il y a une place à prendre, mais qui progresse lentement.

Vous êtes administrateur de Generali. Comment se profile l'assemblée générale du 24 avril, où se termine le mandat de président d'Antoine Bernheim ?

Le sujet n'a pas été abordé au conseil et je n'ai pas de boule de cristal. Mais, en Italie, culturellement, l'âge n'est pas un obstacle au choix des dirigeants, surtout quand ils ont eu de bons résultats.


PROPOS RECUEILLIS PAR LAURENT THEVENIN ET FRANCOIS VIDAL, Les Echos
 
http://www.lesechos.fr/info/finance/020431611622--nous-entrons-dans-un-cycle-de-hausse-generalisee-des-tarifs-en-assurance-dommages-.htm

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